CAFE LECTURE - INTERVIEW DE MELISSA DA COSTA

 

Grâce à notre reporter sans peur et sans reproche, j'ai nommé Christie, nous avons la chance de découvrir les motivations de Mélissa Da Costa pour écrire "Tout le bleu du ciel". Découvrons, ensemble, cet échange riche en informations !

 

 

 

INTERVIEW:

 

Mélissa Da Costa - Tout le bleu du ciel

 

 

 

1. Bonjour Mélissa, vous avez publié cette année votre premier roman Tout le bleu du ciel paru aux éditions Carnets Nord. Comment vous est venue l'idée de ce roman ?

 

 

 

L'histoire est née lorsque j’avais 17 ans, au lycée. Celle d’un jeune homme fuyant son Azlheimer précoce et l'essai clinique dans une longue errance dans les montagnes. A l'époque j'avais écrit une cinquantaine de pages sur le sujet avant d’abandonner ce projet. J'ai cependant repris ce fichier quelques années plus tard, pendant mon année d'Erasmus en Espagne. Une centaine de pages sont nées sur mon ordinateur et y ont été abandonnées pendant encore de nombreuses années. Il a fallu que l'envie d'écrire me reprenne à 27 ans pour que je réouvre mes vieux documents Word (miraculeusement sauvegardé d’ordinateur en ordinateur pendant 10 ans !). J'ai eu envie de reprendre la trame, l’essence de cette histoire tout en faisant table rase des personnages adolescents de l'époque, en leur donnant la trentaine, un passé lourd, en leur offrant une maturité et une profondeur qu’ils n’avaient pas.

 

J’ai conservé les éléments essentiels de mon projet de base : la fuite, la maladie, la sentence fatale, les montagnes, la découverte de soi, des autres, les pertes de mémoire et d’autonomie, la nature, l'amour, les bribes d'écriture dans le carnet, la fin au milieu des sommets... J’ai finalement honoré le projet de la jeune fille de 17 ans que j’étais !

 

 

 

2. 600 pages pour un premier roman c'est assez énorme. J'ai lu quelque part qu'il en faisait plus de 900 à l'origine ! Combien de temps vous a pris l'écriture de ce roman ? Faites-vous partie des auteurs scripturaux (ceux qui se laissent guider par leur inspiration) ou structuraux (ceux qui ont besoin d'un plan détaillé pour écrire leur histoire) ? Avez-vous un rituel d'écriture particulier ?

 

900 je crois que c’était un peu exagéré de la part de mon éditeur. Il y a eu des coupures, c’est vrai, car j’ai une tendance aux romans longs. J’ai du mal à me restreindre. C’était aussi le cas pour mes précédents romans et c’est le cas pour les suivants 

 

L’écriture de ce roman m’a pris 6 mois. Je fais partie des passionnés “brouillons et impulsifs”. J'écris quand j'en ai envie, par "crises". Quand je suis dans une période d’inspiration, mon roman m’obsède, ne quitte mes pensées à aucun moment de la journée. Je peux écrire 8h d’affilé en ayant l’impression d’avoir passé à peine une heure sur mon ordinateur. Je ne me force jamais. Je  suis dans le plaisir permanent.

 

Aucun plan pour moi. J’ai un début de roman, une idée vague de la fin (qui peut d’ailleurs évoluer). Pour le reste, je me laisse emporter par mes personnages eux-même ! Ce sont eux qui m’embarquent, me guident, m’imposent un rythme, me soufflent des rebondissements, des actions. Une improvisation totale. C’est ce qui fait que je m’amuse ! Pas de rituels d’écritures non plus. Cela peut être n’importe où, n’importe quand. Dès que j’ai une minute de libre ou une idée, je m’y mets.

 

 

 

3.La description de l'évolution de la maladie est trés réaliste. On passe de moments cocasses comme lorsque Emile range sa brosse à dent dans le frigo, à des moments plus angoissants comme lorsqu'il part à vélo et ne sait plus où il est ni comment rentrer chez lui à des moments pathétiques comme lorsqu'il retombe en enfance et croit n'être qu'un petit garçon... Avez-vous rencontré des personnes atteintes d'Alhzeimer ?

 

Pas parmi mes proches mais j’ai eu l’opportunité d’une expérience de bénévolat avec l’association « les petits frères des pauvres ». Je suis donc partie en vacances avec des personnes âgées isolées. Parmi elles, de nombreux cas d’Alzheimer. La gamine de 19 ans que j’étais a dû s’adapter, découvrir la maladie à leurs côtés, entrer dans leur monde, revêtir différents costumes (la coiffeuse, l’infirmière, la maîtresse d’école…) en fonction de la réalité dans laquelle ils se trouvaient. Expérience bouleversante dans le sens positif !

 

4.  Joanne initie Emile à la méditation. Malgré sa bonne volonté, Emile reste un peu sceptique au début. La médecine douce vous paraît-elle encore tabou en France ?

 

Un tabou, je ne sais pas mais elle est encore souvent raillée ou regardée de travers. Il y a une méfiance. Le mot charlatan n’est jamais bien loin… C’est dommage !

 

5. Joanne est la montagne face à l'orage. Elle incarne littéralement toutes les femmes de la vie d'Emile et porte en elle toutes les valeurs du roman (optimisme, amour inconditionnel, connaissance de soi...) Peut-on dire que c'est elle la véritable héroïne du roman ?

 

Je crois que oui. C’est en tout cas ce que beaucoup de lecteurs ont pensé : elle était la révélation du roman, le véritable héros.

 

Ce n’était pas prévu initialement dans mon projet d’écriture… Je voulais écrire l’histoire d’une belle rencontre et d’un cheminement plein d’humanité, sans mettre l’accent sur un personnage en particulier. Je crois que je me suis laissée emportée et dépassée par Joanne malgré moi. Il y avait tellement de grandeur dans ce personnage.

 

Je m’en suis voulu à un certain moment de faire paraître Emile si gauche et si banal à coté d’elle. Que pouvait-il lui apporter ? Mais ce raisonnement n’avait pas vraiment lieu d’être puisque Joanne aime sans conditions, sans rien attendre en retour. Finalement il lui a apporté la fuite, le départ et le voyage qui a provoqué sa renaissance. C’était déjà énorme…

 

6. Tout au long du roman il y a de nombreuses références à L'Alchimiste de Paulo Coelho. Pourquoi ce livre ?

 

Ce livre m’a marquée une première fois, alors que j’étais dans un petit creux de la vague. Je l’ai trouvé tellement riche de poésie, de symboles, de messages philosophiques, de beauté... 

 

Je l’ai relu il y a peu de temps en me demandant s’il me ferait le même effet, dans un tout autre état d’esprit… Et oui… Tout autant. Je me suis même arrêtée pour relire plusieurs fois les phrases tellement elles me paraissaient marquantes, pleine de sagesses et de sens multiples.

 

Pour moi ce livre est à part car chacun peut y trouver un enseignement différent, selon son état d’esprit, sa sensibilité, le sens qu’il donne aux mots, ses croyances. Il est porteur d’un message qui ressemble à celui de mon roman : celui qui y croit, se donne le courage de ses rêves (partir, entamer ce voyage) trouvera son trésor. Le trésor pour Santiago n’était finalement pas ce coffret de pierres précieuses mais le voyage en lui-même ...et les rencontres.

 

Emile et Joanne ont également trouvé leur Trésor à travers ce voyage : ils se sont trouvés ou retrouvés eux-mêmes.

 

7. Pouvons-nous imaginer de voir un jour publier une suite à votre roman ?

 

Pas vraiment. Je pense que la fin se suffit à elle-même et que je romprais le charme en écrivant une suite... 

 

Nous verrons si je change d’avis un jour !

 

8. J'ai lu dans une interview que deux autres romans sont à paraître. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Quels thèmes y seront abordés ?

 

J'ai effectivement écrit 2 romans depuis "tout le bleu du ciel" (ma folle addiction à l'écriture...). Un premier sortira en mars 2020. Il reprend des thèmes proches de "tout le bleu du ciel" : le deuil, la nature, la résilience. On y suit le long chemin vers la lumière d'une femme portant un double deuil et ayant tout perdu, qui, petit à petit, va se mettre à planter des graines dans son jardin et accrocher des rubans colorés dans les arbres.

 

L'autre, qui paraîtra peut-être un jour, parle de quête personnelle, de reconquérir sa liberté. On y suit une jeune femme qui se réveille brutalement dans sa vie suite à une rupture sentimentale et décide de réaliser son plus grand rêve : renouer avec la danse qu'elle a abandonné. Elle part apprendre le flamenco en Espagne. Il y est question de s'émanciper, sexuellement, émotionnellement, de chercher sa mission de vie, de trouver la passion à double titre (à travers son art et à travers une aventure avec une autre danseuse), de choix qu'on fait dans la vie : briller ou éclairer le chemin des autres.

 

Bref, deux romans totalement différents.

 

Actuellement je travaille sur un nouveau roman que je veux volontairement plus sombre afin de m'essayer à autre chose. Il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit de s'amuser avant tout !

 

 

 

9. Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner à une personne qui désire se lancer dans l'écriture d'un roman ?

 

Se lancer ! c’est tout !

 

Ne pas hésiter, anticiper, douter, tenter de prévoir les réactions, se demander si on écrit bien, si on sera édité ou non. Ecrivez pour vous ! C’est une merveilleuse aventure. Le reste n’est que bonus ! J’ai écrit « tout le bleu du ciel » pour moi-même, juste pour moi. J’y ai mis mes tripes. Les planètes se sont alignées… Un éditeur m’a contacté moins de deux mois après avoir déposé mon manuscrit en ligne, sur une plateforme que j’ai découvert par hasard !

 

 

 

10. Le mot de la fin ?

 

Rendez-vous en mars 2020 pour découvrir Amande, qui prendra le relai de Joanne très dignement. Une autre grande Femme !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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